Leçon 01 _ PROMOUVOIR UNE CULTURE DE L'HOSPITALITE

JOUR 01
🕥 10 mn

Positionnez votre téléphone en mode avion, prenez un café ... Et c'est parti pour votre première leçon sur les fondamentaux de l'accueil de familles migrantes. Welcome.



▶ Contenu de la leçon 01 inspiré par des échanges avec Claire Mestre (CHU Bordeaux / Association MANA), Timea Pickel (Université de Luxembourg), Thierry Berthou (Académie Bordeaux), JuanJo Corales (Synkoino Coop), Maria Vafeiadou (Région Education du centre de la Macédoine) et enfin, par les 3 stages de formations croisés entre enseignants, animateurs, artistes du projet européen Migratory Musics à Bègles/Cenon (10 2018), à Bruxelles (02 2019) et à Thessaloniki (05 2019)




◤ POURQUOI ◥
il est important de promouvoir une culture de l'hospitalité ?

  • Parce que les familles migrantes ressortent de leurs parcours très abimées. Elles ont besoin de soins et de considération. Essayons de ne pas leur faire subir de nouvelles violences, malgré nous. Des violences institutionnelles, moins visibles, qui peuvent être fortement ressenties. Entre négligences, ignorances ou désorganisations, nos institutions publiques peuvent produire, à certains endroits et à certains moments, de la violence qui conduit à de l’exclusion. Rappelons-nous, ici, que le soin passe aussi par la parole. Il faut "soigner" l'accueil.

  • Parce que l'entrée en classe fait partie des périodes déterminantes dans un parcours migratoire. Les inégalités sociales se construisent dans ces moments clefs où les questions de bilinguisme et de bi culturalisme se posent avec force. Le premier jour à l’école est une expérience intense pour les familles, qui connaissent peu de mot de la langue du pays d'accueil, mis à part  : "bonjour, au revoir et merci". Dans ces premiers moments, les enfants et les parents n'ont qu'une envie : « se sentir un peu plus cachés des autres ».  Soyons vigilant à ne pas trop les exposer avec nos questions.

  • Parce que c'est en rassurant les parents, que l'on rassure l'enfant. Cette "évidence" mérite d'être rappelée notamment vis à vis des mamans, qui occupent une place à part. Ne pouvant voyager seules face au danger, elles ressortent de leurs parcours migratoires très éprouvées. A nous de leur transmettre, des signes positifs, dès le départ, pour espérer en recevoir en suivant. Le premier contact doit s'organiser autour de 3 mots clefs : confiance, communication et valorisation. Prenons le temps de nous intéresser à leur histoire, à leur culture, à leur langue afin qu’elles puissent se projeter, à terme, dans une école et dans une ville, qui les considèrent.

  • Parce que c'est toujours mieux d'apprendre à se connaitre avant que les problèmes surgissent. Anticipons les conflits et les incompréhensions par une meilleure connaissance réciproque. En gardant en tête, que lorsque les parents apparaissent "gravement déqualifiés" par rapport à l'Ecole, ils ne sont jamais démissionnaires. Ils finissent toujours par émettre des signes d'intérêt  à partir desquels il est possible d'entamer une relation. Un signe quelque fois différent de ceux que nous avons l'habitude de retrouver. Restons attentifs.

  • Parce que nous sommes tous des êtres humains au delà de nos différences. Et c'est notre humanité qui fera tomber les frontières. C'est notre notre humanité qui favorisera la compréhension de l'autre. C'est notre humanité qui rendra possible la liberté de tout un chacun. Comme aime à le dire nos amis Grecs : "l'hospitalité, c'est sacré". Pour bien accueillir l'autre, il faut apprendre à respecter son espace et ses limites. Nous avons tous, quelque soit notre position, la responsabilité de faire vivre ces principes fondamentaux. Pour toutes les personnes qui arrivent chez nous : "nous nous devons de leur donner ce que nous avons de meilleur".


◤ COMMENT ◥
promouvoir une culture de l'hospitalité ?

  • En installant une atmosphère bienveillante dans la relation avec les familles. Laquelle se construit à partir de mots simples, de sourires, d'empathie, de supports visuels, de dessins ... dans un endroit calme (évitons la salle de classe) ... avec beaucoup d'improvisation ! La confiance des parents et des enfants vis à vis de l'Ecole, dépend aussi de la posture de l’enseignant, de son bodylangage, du "feeling" qu’il dégage dans sa relation à l’autre. Le "Aller vers" doit guider notre façon de faire, notre façon d'accueillir, de se comporter.

  • En essayant de proposer aux élèves nouvellement arrivants et aux familles, "des parcours inclusifs et des systèmes souples" afin de tendre vers des réponses adaptées. Même si en France comme ailleurs, l'Ecole publique s'organise autour d'un principe fort : celui de ne créer aucune distinction, aucune discrimination, entre les élèves français et les élèves étrangers dans un respect d’égalité de traitement. 

  • En soignant dans l'école, encore et encore : l’information préalable des familles, l’accueil des élèves dans l’Ecole ("on ne peut pas accueillir les familles migrantes comme les autres"), l’évaluation des acquis des élèves, la prise d'appui sur la culture des familles, la valorisation des connaissances de l’enfant (qui a pu "découvrir 4 ou 5 langues dans son parcours"), l’assiduité des élèves en classe, le travail en réseau sur le territoire et l’imagination pour évoluer, s’adapter aux situation. Etre "flex" devient une qualité indispensable dans ce contexte.

  • En créant des « lieux de médiation » et des "moments passerelles" où les mamans, les enfants, les équipes pluridisciplinaire se retrouvent dans une salle de l'école (éviter la salle de classe) autour d’un café, d'un thé et d'un objet culturel. « Ces supports extrêmement précieux » pour que chacun (parents, enfants, frères, soeurs, enseignant ...) s’autorise à utiliser sa langue maternelle en cohabitation d'autres langues, dont celle du pays d’accueil. Le CD Book "Migratory Musics. An adventure along the routes of exile lullabies" (collecte de comptines et de berceuses du monde) écrit par Aurélia Coulaty est un des ces objets, à partager, pour construire une relation fondée sur le respect et la découverte du patrimoine culturel de l'autre.

  • En tenant un cahier des rencontres avec les familles. Cet historique permet de consigner les questions des familles, de revenir sur une situation évoquée ensemble, de se donner des objectifs communs, de considérer les personnes en notant des éléments qui vont construire pas à pas "un projet d'Ecole pour leur enfant". Nous y reviendrons dans la leçon suivante.





⚫ DISPOSITIFS
SPECIFIQUES

Rapidement présentés ici, des dispositifs pour les élèves primo arrivants, repérés dans les 3 pays (Grèce, Belgique francophone et France)
des écoles partenaires de Migratory Musics.


  • En Grèce, le gouvernement a créé, compte tenu de sa situation spécifique (afflux de migrants par voies maritimes et terrestres aux portes de l'Europe) des postes spécifiques de "professeurs pour l'éducation des réfugiés". Ils coordonnent dans les camps d'accueil des migrants, l'accès aux écoles les plus proches (moins de 10 km, trajet en bus) ou la venue d'ONG éducatives dans les camps. Ces enseignants sont formés pour (Grec seconde langue, logistique, etc.). Il existe aussi des Ecoles multiculturelles en Grèce, dés lors que le nombre d'élèves immigrés dépasse un certain seuil. Comme l'école Menemeni au nord de Thessalonique (partenaire de MIGRATORY MUSICS) qui accueillent des enfants ROM bulgares. Ces écoles ont une relative autonomie pédagogique dans la mise en oeuvre de programmes, avec une évaluation des résultats identique aux autres écoles.

  • En France, il existe une mission EANA pour enfants allophones nouvellement arrivés, dont l'objectif est de repérer le plus tôt possible des enfants pour agir. Avec un principe fort : l'obligation de scolarisation des enfants primo arrivants dans une classe qui correspond à leur âge. Sur la base d'une évaluation de positionnement en langue d'origine, réalisé par le CASNAV, comme celui de l'Académie de Bordeaux, les élèves sont intégrés dans une école et dans une classe classique, avec une prise en charge dans la semaine pour des cours en FLS (Français Langue étrangère). Soit un nombre d'heures par semaine (sur 1 an maximum) assuré par des professeurs spécialisés, UPE2A (Unité pédagogique pour des élèves allophones arrivants), qui sont ou qui viennent dans l'école, pour faire cours à des élèves de une ou plusieurs classes. Ces enseignants ont une expertise, une approche et une formation sur l'allophonie.

  • En Belgique, dans le système éducatif de la communauté française, certaines écoles (4 à Bruxelles par exemple, dont l'Ecole Athénée Royale de Bruxelles 2  partenaire de Migratory Musics), il existe des DASPA (Dispositif d'Accueil et de Scolarisation des élèves Primo Arrivants), des "classes passerelles" pour favoriser l'accrochage scolaire des primo-arrivants. Ces élèves bénéficient d'un soutien ciblé avec un enseignant dédié avant de rejoindre quand ils sont prêts (12 mois, 18 maximum) une classe classique, qui correspond à leur classe d'age. Des éducateurs en milieu scolaire, professionnel de l'éducation, de la prévention et de la médiation sont également présents dans ces écoles qui accueillent grand nombre d'enfants primo arrivants. Leur rôle est essentiel pour soulager les enseignants et créer un climat de confiance entre les enfants et le milieu scolaire. Il n'existe pas de carte scolaire en Belgique. C'est un principe constitutionnel pour chaque parent de pouvoir inscrire son enfant dans l'école de son choix.




⚫ KIT
COMMUNICATION

6 fiches à télécharger pour servir de supports 
et soigner l'accueil des parents
(Guide de la communication Enseignants-Parents _ INSUP Formation & EDRA _ Juillet 2019) 




  • Fournitures scolaires : 60 dessins pour montrer aux parents les fournitures nécessaires pour leur enfant dans l'école (du grand cahier à petits carreaux à la tenue de sport)  
  • Lexique : des mots traduits en 5 langues (français, anglais, grec, arabe, russe) pour expliquer  aux parents l'environnement de l'école, pour parler avec eux des lieux, des personnes, du matériel, des temps, de la santé, des documents, des contacts, des repas et des sorties.
  • Fiche consignes : 4 dessins pour expliquer 4 consignes utiles dans la relation avec les parents comme "Donnez un numéro de téléphone valable", "Regardez et signez les cahiers", "Vérifiez le matériel dans le cartable le matin", "Venez me voir, il faut que l'on parle"
  • Droits et devoirs des parents, partenaires pour l'Ecole, comme "rencontrer un enseignant" ou "vérifier l'assiduité et la ponctualité de l'enfant"
  • Fiche Emploi du temps avec un dessin de l'Ecole et les horaires d'ouverture et de fermeture à noter avec les parents, du lundi au vendredi (ou au samedi selon les pays)
  • Fiche Système scolaire (Belgique, Français, Grec) pour expliquer aux parents et aux enfants où ils se situent dans le système scolaire, quels sont les prochaines étapes selon leur classe d'age.




⚫ EXPERIENCES INSPIRANTES

Fiches à télécharger dans le Guide de la communication Enseignants-Parents INSUP Formation & EDRA _ Juillet 2019.



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▶▶▶ A SUIVRE la leçon 02 : Valoriser les langues maternelles


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