Leçon 02 _ VALORISER LES LANGUES MATERNELLES

JOUR 02
🕥 10 mn

Tout va bien ? La première leçon s'est bien passée ? Motivé pour continuer ? Alors, en route pour la seconde leçon.




Contenu Leçon 02 inspiré d'une table ronde à Cenon (10 2018) avec Timea Kadas Pickel, professeur à l'Université du Luxembourg et le Docteur Claire Mestre de l'Association MANA, puis d'une rencontre à Bruxelles (02 2019) avec Sandrine Grosjean (Changement pour l'égalité), et d'une discussion à Thessalonique (05 2019) avec Maria Vafeidou, Education de la Région Centre Macédoine.


◤ POURQUOI ◥
c'est important de valoriser les langues maternelles ?

  • Parce que tout commence par la langue. « La culture, c’est la langue », dès 8 mois, un bébé comprend la langue comme nous le rappelle le Docteur Claire Mestre. Chaque personne grandit avec sa langue. Ainsi, pour redonner sa dignité de penser et sa capacité à parler avec précision, nous devons permettre à chaque personne de s'exprimer dans sa langue maternelle. Dit autrement, un traducteur ou une traduction est nécessaire dans le dialogue Ecole-Parents. Sinon, la relation restera déséquilibrée. A moins d'être bilingue, il est très difficile de penser dans sa langue maternelle, d'essayer de parler dans une autre tout en utilisant une troisième langue en roue de secours : l'anglais souvent, le globish tout le temps ! (version hyper simplifiée de l'anglais). 

  • Parce que personne ne doit avoir honte de s'exprimer dans sa langue maternelle. Les enfants ressentent le mal être de leurs parents, quand ils n'osent plus s'exprimer dans leur langue. La mémoire de la culture des familles se joue ici : combien de petits-enfants ne savent plus parler la langue de leurs grands parents immigrés ? De sa place, l'Ecole peut contribuer à cultiver cette richesse. Un travail de collecte de chants traditionnels, tel que celui initié par Migratory Musics avec Aurélia Coulaty, amène les enfants à questionner leurs parents et grands parents. Si l'Ecole amène les enfants à l'écrit, elle doit veiller à ne pas disqualifier ces cultures orales. Afin que l'élève "se sente fier d'où il vient et fier vers d'où il va". Il fera aisément un pas vers la langue du pays d'accueil, s'il se sent loyal vis à vis de la culture de ses parents. 

  • Parce que c'est essentiel d'accueillir un élève dans la classe en le valorisant. En mettant en avant son patrimoine culturel et sa langue maternelle, afin qu'il se sente en confiance pour apprendre. Un enfant doit arriver à se donner une triple autorisation pour apprendre. La première est liée à sa propre personne : "je m'autorise à apprendre". La seconde est vis à vis de ses parents : "je m'autorise à pouvoir les dépasser en apprenant". La troisième est toujours vis à vis de ses parents : "je les autorise à rester ce qu'ils sont". (Cf. Jean Yves Rouchex).

  • Parce que FATOUM nous l'explique mieux que personne. A écouter ici (Podcast / Bruxelles 04) les paroles de cette chanteuse Berbère, installée en Belgique, pour qui "la rencontre du français n'a pas été une chose évidente et facile (...) à cette époque on ne pensait pas un accueil qui essayait de comprendre la culture des familles migrantes". Avec le projet Migratory Musics "on répond à un besoin fondamental chez les enfants migrants qui est de mettre en valeur leur langue et leur culture d'origine ... et pas de la mettre en second plan, de la considérer comme une langue inutile que l'on ne parle que dans son foyer et nulle part d'autre à l'extérieur". Pour un enfant "pouvoir exister dans sa langue maternelle et dans la langue d'accueil, c'est un atout pour l'âge adulte, c'est un atout à vie, dans le sens où il peut se construire une identité qui est riche et pas fragmentée entre le choix d'une culture ou d'une autre". Merci pour tout FATOUM.  


◤ COMMENT ◥
valoriser et favoriser l'expression des langues maternelles  ?

  • En faisant intervenir, quand c'est possible, un « Tiers instruit » qui occupe une position essentielle dans le dialogue entre l'école et les personnes migrantes. Il est le garant de cet « ouverture à l’expérience de l’autre » car une simple traduction de mots ne suffit pas ... Il est nécessaire de ressituer ces paroles dans leur contexte culturel. Selon les pays, des moyens existent pour bénéficier de l'apport de traducteurs spécialisés (INTERMED Gironde par exemple, dans l'agglomération bordelaise)

  • En utilisant des applications pour I Phone et Android, de traduction vocale et écrite, entre différentes langues. Citons ici des outils régulièrement utilisés par des enseignants : google traduction (52 langues), microsoft traducteur (d'images aussi), SayHi (multitude de langue dont certains dialectes), i translate (90 langues, fait aussi office de dictionnaire)   

  • En étant vigilant lorsque l'on positionne les enfants comme traducteur entre leur enseignant et leurs parents. Car le papa et la maman peuvent, dans certaines conditions, se sentir humiliés par cette situation. Ils sont conscients de faire peser sur eux une responsabilité supplémentaire,  ne responsabilité d'adulte, une "compétence parentale"

  • En inversant les rôles, les autres élèves apprennent d'abord une chanson, une comptine, une berceuse, en Turque par exemple avant de la traduire dans la langue du pays d'accueil ... comme le projet MIGRATORY MUSICS l'a proposé. En organisant dans la classe, les conditions de la « cohabitation avec d’autres langues », on permet à chaque enfant de se sentir "fier de sa classe, fier de sa famille". Cette double loyauté est essentielle dans le processus d'apprentissage de l'enfant.

  • En passant par des détours pédagogiques impliquant les parents dans ou à l'extérieur de l'Ecole. Comme un atelier cuisine du monde ou un atelier dans un jardin partagé ... où les savoir faire de chacun peuvent s'exprimer dans leur langue et par le geste. Comme nous l'avons vu dans le cadre de Migratory Musics, à Bègles, au Bistrot du Centre Social et Culturel de l'Estey et au jardin partagé de la résidence Maurice Thorez, ou dans les cuisines de OIKOPOLIS ou de STEKI à Thessaloniki, et dans des ateliers arts plastiques à la Maison de la Création à Bruxelles.


⚫ AGENDA
MULTICULTUREL

Pour ponctuer une année scolaire ou une saison culturelle, utilisons des "Journées mondiales" qui valorisent les différentes langues présentes dans la classe. Dans la cité. 

  • 20 juin : journée mondiale des réfugiés pour sensibiliser à la cause des réfugiés du monde, en référence à l'adoption de la convention de 1951 relatif au statut des réfugiés (cf. leçon 04)
  • 08 avril : journée internationale des ROMs, afin de célébrer la culture Rom et de sensibiliser les populations aux problèmes rencontrés par le peuple Rom à travers l'Europe, le monde
  • A compléter en fonction des cultures et des nationalités représentées dans la classe ...



⚫ EXPERIENCES INSPIRANTES

Fiches à télécharger dans le Guide de la communication Enseignants-Parents (INSUP formation & EDRA)



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▶▶▶ A SUIVRE la leçon 03 : Comprendre la relation au savoir




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